Développement durable et entreprise : principes et applications

Développement durable et entreprise : principes et applications

Application développement durable entreprise

Le développement de la pensée systémique ces 30 dernières années est concomitante à la montée des préoccupations environnementales. Enrichissant la pensée analytique, la systémique a pour but d’exprimer la complexité des interactions entre les éléments et leurs acteurs. Elle a permis la compréhension des actions rétroactives de l’Homme sur son environnement, de décentraliser sa place dans le monde, de passer de l’anthroposphère à la biosphère. Le développement durable préconise une approche globale, systémique, pour espérer faire face aux menaces que courent l’homme et l’environnement.

Les principes du développement durable dans l’entreprise

Selon Olivier Dubigeon, le développement durable est une intégration préventive car il veut concilier compétitivité, création de valeur tout en protégeant le patrimoine humain et naturel. Ainsi il pense à propos du développement durable :

« (Le développement durable) tente de réussir un triple compromis entre les activités humaines et la protection des éco-systèmes, entre les besoins des générations actuelles et futures (contrat intergénérationnel), et entre les pays du nord et du sud. Pour y parvenir il propose de conjuguer dynamiquement trois systèmes, l’économique, l’humain, l’environnement articulés par une approche dite de gouvernance collaborative entre toutes les parties prenantes».

Olivier Dubigeon
Piloter un développement responsable

Ainsi, le développement durable vise à améliorer les performances du système sur le long terme, pour permettre le transfert des richesses entre les générations, entre le nord et le sud, pour favoriser la prospérité économique globale. Il tente également de préserver le patrimoine commun, qu’il soit naturel ou culturel et doit œuvrer pour le transfert des connaissances. Enfin, il doit respecter l’intégrité des personnes et garantir l’équité et la solidarité. Le développement durable cherche à conjuguer trois échelles différentes du temps, le temps court du marché, le temps d’adaptation de l’homme, et le cycle long de la nature, comme il cherche à réconcilier les acteurs forts et les acteurs faibles. Toutes ces bonnes intentions ne font pas pour autant du développement durable un concept faisant l’unanimité, force est de constater un nombre important de sceptiques, ou réfractaires, car plusieurs critiques sont possibles face à ce qui devient désormais une manne économique.

Le développement durable dans l’entreprise : En vert et contre tous ?

En effet, le développement durable, même s’il fait l’objet d’un large consensus, ne fait pas pour autant l’unanimité. Le terme même de développement durable est sujet à controverse de part sa « mauvaise traduction » du terme anglais « sustainable », qui serait à traduire par soutenable. D’ailleurs, pendant l’examen de la Loi 1 du Grenelle de l’environnement au Sénat en janvier 2009, plusieurs sénateurs ont émis le souhait de modifier l’expression « développement durable » par développement soutenable, car ils estiment contradictoire l’association de « développement » et de « durable » au sein d’une même expression, parlant plus facilement de décroissance. D’autres encore y voient un effet de mode, thème abordé par exemple dans le roman d’Alice Audouin, dont le titre « Ecolocash, une écologie de circonstance » est assez évocateur de cette idée.

Il est également question, et c’est peut être là, la critique la plus vive, que le développement durable ne soit qu’un instrument capitaliste conçu par ses partisans afin de maintenir ce système, hypothèse émanant bien souvent des partisans de la décroissance. Ainsi, dans le domaine qui nous intéresse, le couple énergie et communication, Jean-Marie Harribey affirme que l’éolien, moyen de production associé au développement durable, est contesté par les partisans de la décroissance, car « il est promu et tenu par de grands groupes industriels pour seulement diversifier les sources de production énergétique, se donner des airs de vertus auprès du grand public, mais n’a en réalité aucune vocation à remplacer les sources d’énergie fossile destructrices de la planète »28. Thèse qui peut être appuyée par de nombreux exemples, dont celui de Total et de sa fameuse campagne de communication « Pour vous, notre énergie est inépuisable », condamnée par l’ARPP (Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité), car celle-ci laissait sous-entendre que l’entreprise s’était engagée de manière massive dans l’éolien alors qu’elle disposait au moment de la campagne (en 2003) cinq éoliennes (TOTAL – rapport sociétal et environnemental 2005, p. 71) sur le site de la raffinerie des Flandres, près de Dunkerque. D’un autre coté, les partisans d’ATTAC (Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne) considèrent le développement durable comme un « mensonge consensuel » ( Les altermondialistes Attac le développement durable ! ) l’accusant de promouvoir le productivisme et le consumérisme et incapable de « soigner les maux de la planète ». De son coté, le très médiatique et très apprécié de l’opinion publique, Nicolas Hulot, semble être du même avis et a avoué au sujet de la notion de développement durable : « J’ai l’impression qu’il ne s’agit plus que d’une camomille mielleuse destinée à nous faire ingérer nos excès » tant les tentatives de détournement, de récupération du concept, et de greenwashing deviennent omniprésentes. On est en droit de se demander si ces mauvaises pratiques ne condamnent pas d’avance le développement soutenable.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *