La RSE – Responsabilisation sociétale de l’entreprise
La commission européenne définit la « Responsabilité Sociale de l’Entreprise » comme étant «l’intégration volontaire par les entreprises de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec leurs parties prenantes (stakeholder)».
Cette définition, très large, laisse beaucoup de liberté à l’interprétation. D’ailleurs le « S » de RSE est sujet à controverse. En effet, selon la traduction de l’Union Européenne du terme « Social Responsibility » celui-ci signifierait « sociale » et selon une acceptation plus largement reconnue, la traduction plus juste serait le terme « sociétale ». On peut donc reprocher à la définition européenne de minimiser la dimension environnementale, car le « social » implique moins la notion environnementale (voire l’exclue complètement) que le principe « sociétal » qui englobe l’ensemble des sujets concernant la société. Olivier Dubigeon parle volontiers de « responsabilité sociale, sociétale, environnementale, économique et de gouvernance » (DUBIGEON Olivier, Piloter un développement responsable).
C’est pour cela qu’il peut être utile de bien comprendre cette notion, à commencer par celle de « responsabilité » ainsi que ce qu’elle projette et implique. Bien que très employée désormais par les décideurs publics comme privés, il n’en est pas moins que les limites de la définition semblent tout à fait élastiques. Généralement, la responsabilité implique d’assumer les conséquences de ses actes. Dans la communication verte, Libaert pense que ce terme aurait plusieurs visages de part son caractère polysémique et revêt des connotations négatives et positives. Ainsi dans son aspect négatif, il peut être associé à la notion de préjudice, de faute, de dommages, ou encore de culpabilité, il suppose, en cas de problème de, « répondre de », donc d’adopter une position coupable, défensive contrairement au fait de « répondre à » qui suppose d’avantage un dialogue avec des parties prenantes, une position pertinente. La connotation positive de ce terme renvoie à des notions telles que la maturité, la solidarité, la raison, qui sont des termes à rapprocher de l’éthique, de la morale.
Selon le Livre Vert de l’Union Européenne, la RSE couvre les domaines sociaux et environnementaux, se base sur le volontariat et ne doit pas être séparées de la stratégie ni des opérations commerciales de l’entreprise. Elle peut, par exemple, s’appliquer par le choix de fournisseurs ayant un label environnemental, ou encore par la mise en œuvre de moyens augmentant le bien être de ses salariés ou encore par l’évaluation annuelle de son empreinte écologique. La RSE peut également être définie comme la déclinaison pour l’entreprise de la notion de développement durable37, comme le déclare le Ministère de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de la mer. Il s’agit d’avoir une vision stratégique de l’organisation à la fois en local et en global, à l’échelle régionale par exemple comme à l’échelle mondiale.
Le principe de RSE touche l’ensemble des organisations du système, quel que soit leur secteur. Les plus réticents, comme le domaine de la finance et des investissements, se convertissent peu à peu à la RSE. A ce sujet, nous pouvons noter l’apparition de la notion d’ISR38, qui n’est autre que l’acronyme d’Investissement Socialement Responsable et qui vise à investir uniquement dans des entreprises qui respectent les principes et l’éthique de la RSE. Comme la définition du développement durable, celle de la RSE n’est pas toujours très nette et l’interprétation de ses finalités peut varier d’un acteur à un autre, c’est ainsi que le prix nobel d’économie Milton Friedman la présente en 1970 : « la responsabilité sociale du business est d’accroître ses profits » (CHAUVAUX Alain, ROSE Jean-Jaques, L’entreprise responsable). Cette vision semble assez limitative et réduit la RSE à un des nombreux instruments de l’idéologie capitaliste. Finalement, et pour éviter toute confusion, nous retiendrons la définition de la norme ISO 26000 sur la responsabilité sociétale des entreprises et qui décrit cette dernière comme :
« La responsabilité d’une organisation vis-à-vis des impacts de ses décisions et de ses activités (comprenant des produits, des services, des processus) sur la société et sur l’environnement, par un comportement transparent et éthique qui :
- Contribue au développement durable
- Prend en compte les attentes des parties prenantes
- Respecte les lois en vigueur et est compatible avec les normes internationales de comportement ;
- Est intégré dans l’organisation et mis en œuvre dans ses relations (correspondant aux activités de l’organisation au sein de sa sphère d’influence).
La principale caractéristique de la responsabilité sociétale se traduit par la volonté d’une organisation à assumer la responsabilité des impacts de ses activités et ses décisions induisent sur la société et l’environnement, et à en rendre compte. Ceci implique un comportement à la fois transparent et éthique. »
Le fait qu’une telle norme puisse voir le jour est d’ailleurs un signe d’avancées conséquentes et d’évolution de la société dans le domaine de la responsabilisation des entreprises, bien que celle-ci ne porte pas à certification. En effet, la RSE étant un processus cherchant l’amélioration constante, certifier, serait contraire à ce principe.
Ainsi il se pose la question : Comment mesurer les efforts de l’entreprise en termes de responsabilité ? Plusieurs chercheurs et bureau de conseil RSE proposent des grilles d’analyses permettant de reconnaitre la performance sociétale de l’organisation. Par ailleurs, les parties prenantes, bien que réagissant souvent de manière émotionnelles peuvent également être des indicateur de cette performance.